crédit photo : Grand-Rhinolophe - Sarah Costard
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Naturaliste au sein de l'association Bretagne vivante, Sarah Costard est spécialiste des chauves-souris. Il faut dire que ces mammifères — les seuls de la classe capable de voler — ont bien des raisons de nous fasciner. La France en abrite 36 espèces et la Bretagne 22, des plus petites comme la Pipistrelle, aux plus grandes comme le Grand Murin ou le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum)... ce dernier est d'ailleurs bien représenté dans nos contrées puisque le Finistère compte 17 % des effectifs français de Grands Rhinolophes.
Notre département présente un climat favorable et des gites appréciés des Grands Rhinolophes qui cherchent (pour hiberner l'hiver) des gites calmes, sombres avec des forts taux d'humidité (pour préserver leurs ailes) et une température relativement constante : caves, bunkers, galeries, grottes... De novembre à mars, certaines espèces nichent en solitaire, dans la nature (des creux d'arbres) ou dans des anfractuosités de bâtiments. Il faut absolument éviter de les déranger pendant cette période, même notre température corporelle peut les réveiller et consommer l'énergie que les chauves-souris avaient stockée pour résister à la saison froide.
Les femelles ont même la capacité de conserver en elle les spermatozoïdes collectés durant la saison des amours (l'automne) pour activer la fécondation au printemps. La gestation dure un mois et demi à deux mois et les mises bas ont lieu entre mai et fin août. Les femelles investissent alors des lieux plutôt chauds (comme les greniers ou les combles des églises) pour nicher en colonies, ce qui leur permettra de veiller collectivement sur les jeunes.
Pas d'inquiétude si une colonie de femelles chauves-souris a investi votre grenier : elles n'attaquent pas l'isolation des combles, elles s'accrochent simplement aux poutres.
Les chauves-souris ne volent pas non plus dans les cheveux, c'est une histoire qu'on racontait aux jeunes femmes autrefois pour les dissuader de sortir la nuit. Le système d'écholocation/écholocalisation de ces mammifères volants est suffisamment précis pour leur permettre de détecter les insectes, immobiles ou en vol, donc elles repèrent très bien les têtes humaines.
Si vous trouvez une chauve-souris par terre en difficulté (certaines espèces sont incapables de s'envoler depuis le sol), contactez Bretagne vivante qui vous indiquera la marche à suivre.
Par ailleurs, si vous prévoyez des travaux d'isolation extérieure de votre maison, essayez aussi de repérer une éventuelle colonie qui pourrait se retrouver prisonnière à l'issue des travaux.
Enfin, surveillez votre chat si vous constatez qu'il apprécie de les attraper en vol.
Menacées par les insecticides qui réduisent leur alimentation, par la destruction de leurs habitats (zones humides pour certaines espèces) ou de leurs couloirs de circulation (haies), les chauves-souris sont toutes protégées.
Bretagne vivante effectue un travail de terrain constant pour les étudier : les recenser, les écouter (avec des appareils qui captent les ultra-sons), mais aussi suivre précisément certains individus. D'une façon générale, ces mammifères intéressent les scientifiques, notamment du fait de leur longévité : jusqu'à vingt ans, ce qui est très long pour des animaux si petits. C'est dû au fait que les chauves-souris sont capables de régénérer leurs télomères, les extrémités de leurs chromosomes, qui ralentissent le vieillissement.