Le LEM - By Transistoc’h
26 min 23 sec 07 November 2025
Sabine Roussel est biologiste et agronome au Laboratoire des sciences de l’environnement marin (le LEMAR) de l’IUEM (Institut universitaire européen de la mer) ; beaucoup de ses recherches portent sur l'ormeau, un coquillage très sensible aux perturbations de son milieu et donc un indicateur de l'impact du changement climatique. Avec Anne-Marie Tréguier, géographe, elle fait partie du Haut conseil pour le climat breton. c'est un comité d'une vingtaine de scientifiques de toutes disciplines qui apportent leurs expertises aux élues et élus du Conseil régional pour orienter les politiques publiques vis-à-vis des questions climatiques.
Les deux chercheures donnent une conférence à propos des impacts du changement climatique en Bretagne, ouverte à tous publics le 12 novembre 2025 à 18h00 à la Faculté des Sciences et Techniques - Amphi E.
Ces conséquences sont et seront multiples. Actuellement, la température moyennes de la planète a augmenté de 1,2°C depuis le début de l'ère industrielle. Pour la Bretagne, cette hausse est même de 1,6°C. Le réchauffement de l'atmosphère a notamment pour effet de dilater l'eau. Quand cette augmentation du volume touche une énorme masse d'eau comme celle de l'océan global, cela se traduit par une élévation du niveau marin de plusieurs centimètres. Il faut y ajouter l'élévation liée à la fonte des glaciers terrestres. Les submersions marines et l'érosion du littoral touchent déjà les côtes bretonnes ; des mesures sont mises en place pour les surveiller et s'y adapter.
La hausse des températures ne concerne pas uniquement l'air, elle touche aussi l'océan et des "canicules marines" se produisent, avec élévation forte de la température de l'eau pendant au moins 5 jours consécutifs, ce qui affecte évidemment la vie marine, notamment les champs d'algue de la mer d'Iroise. Les animaux marins sont également davantage la proie de nouvelles bactéries ou virus qui prolifèrent du fait du réchauffement. Des algues invasives apparaissent. Tous ces effets ont des répercussion sur les autres animaux marins prédateurs (poissons entre autres) et au final les activités humaines sont ou seront touchées : ostréiculture, aquaculture, pêche...
En tant que biologiste, Sabine Roussel constate un autre effet l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère : l'acidification des océans. L'eau de mer devient plus acide au contact du CO2 (un quart des émissions de ce gaz sont absorbées par l'océan). Cette relative acidité attaque les organismes constitués de calcaire, comme les coquillages et certains planctons. Localement, les scientifiques constatent la fragilisation des coquilles et une augmentation de la mortalité des jeunes coquillages comme les ormeaux, mais aussi les huîtres et les moules. Ces organismes marins sont par ailleurs déjà fragilisés par les pollutions d'origine humaine et notamment celles liées à l'agriculture intensive.



